A la fac déco, on se bat pour des cours aux normes « UE »
Ils n’ont jamais vu l’Italie, mais leur rêve s’appelle Bologne. J’ai rencontré hier ces jeunes étudiants de la faculté d’économie de Sarajevo qui ont chamboulé la rentrée par de sages manifestations. Leur revendication : la réforme immédiate et totale de leur enseignement, sur le modèle du processus de Bologne (à l’origine de la réforme LMD en France, NDR). A 20 ans, ils se sont battus pour s’aligner sur ce standard européen, qui prévoit notamment une session de rattrapage en septembre ! Et ils ont obtenu partiellement gain de cause, après trois jours de mobilisation médiatisée : en Bosnie, ce genre de mouvements étudiants spontanés est une première.
Le paradoxe, c’est que leur université est une des plus modernes du pays. Elle est même pionnière dans l’application de Bologne, puisque l’année universitaire est découpée en semestres, dont la validation donne droit à des « crédits ». Pas assez vite, pas assez loin pour ces étudiants qui rêvent d’un diplôme reconnu internationalement. Mais en Bosnie, l’enseignement supérieur n’est pas une compétence nationale : chacun des dix cantons du pays à son ministre de l’éducation et son université. La fac de Mostar ne reconnaît pas le diplôme délivré par Banja Luka, et vice versa… La question d’une réforme nationale de l’enseignement supérieure est posée, c’est l’un des enjeux de l’élection. Ahmed, Anel et Ammar, espèrent qu’elle interviendra afin la fin de leurs études.